Interview de Marcel Filoche, équipe de Bruno Louis dans l’émission « La méthode scientifique » de France Culture, sur l’apport bénéfique de la Thérapie par Substitution de Surfactant chez les patients atteints de COVID-19 sévère et qui développent un Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu (SDRA)
Dans les parties les plus profondes de l’arbre aérien pulmonaire, l’échange gazeux entre l’air et le sang s’effectue au sein d’environ 500 millions d’alvéoles (sortes de petites chambres sphériques d’environ 1/4 mm de diamètre). La surface de ces alvéoles, dont la superficie développée est de l’ordre de 100 m^2 chez l’adulte, est tapissée d’une couche liquide elle-même couverte d’un mince film de surfactant. Ce surfactant est une substance chimique produite in situ et analogue à du savon, dont le rôle est de réduire considérablement la tension de surface air-eau et par conséquent l’énergie nécessaire au gonflement-dégonflement régulier du poumon. Sa présence est indispensable à la bonne respiration et son absence chez le grand prématuré est responsable du Syndrome de Détresse Respiratoire du Nourrisson (SDRN).
Chez l’adulte, l’inflammation généralisée de la paroi alvéolaire induit une arrivée de liquide inflammatoire, de protéines et de débris biologiques dans l’alvéole. Cette affection, qui porte le nom de Syndrome de Détresse Respiratoire Aigu (SDRA), détruit la barrière de surfactant et la fonction respiratoire. En particulier, les patients atteints de COVID-19 sévère développent un SDRA qui peut aboutir in fine à l’asphyxie du patient. La thérapie présentée dans le reportage, la Thérapie par Substitution de Surfactant, consiste à instiller une solution de surfactant dans la trachée du patient intubé et ventilé mécaniquement. Cette solution liquide se propage dans l’arbre bronchique pour finalement atteindre la zone alvéolaire et contribuer à rétablir la fonction respiratoire. Nos travaux modélisent cette propagation. Nos simulations numériques ont montré que cette propagation, si elle débouche sur une administration homogène et efficace chez le nouveau-né pour une large gamme de paramètres, est beaucoup plus problématique chez l’adulte et nécessite une optimisation fine. Ces études ont contribué à revisiter les échecs cliniques passés, en accroissant notamment de façon importante les volumes de solution instillés. Un essai randomisé en collaboration avec les Centres Hospitaliers de Poissy, de Mantes-la-Jolie et l’hôpital Saint-Joseph à Paris est en cours sur des patients COVID-19 sévères.
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-jeudi-14-janvier-2021 (le début de son interview se situe vers la 43ème minute)